Il est l’auteur de traductions depuis le finnois et une dizaine d’autres langues
Sébastien Cagnoli est le lauréat du Prix d’État finlandais du traducteur étranger

Le Prix d’État finlandais du traducteur étranger est décerné cette année à Sébastien Cagnoli (né en 1976), qui a traduit un large éventail d’œuvres littéraires du finnois vers le français.
Sébastien Cagnoli a commencé sa carrière en traduisant de l’anglais. Il est aussi traducteur du komi et a réalisé des traductions occasionnelles depuis le same, l’estonien, l’italien, le suédois, l’allemand ainsi que le mari, l’oudmourte et le vepse. C’est en découvrant les œuvres de compositeurs finlandais, notamment d’opéra, qu’il s’est pris de passion pour le finnois.
« Les opéras et les œuvres symphoniques d’Aulis Sallinen, par exemple, m’ont beaucoup motivé. J’ai entendu parler du Kalevala pour la première fois grâce à Kullervo de Sibelius. Je pense que le rythme et la prosodie d’une langue imposent aux lignes mélodiques certaines qualités qui ne se trouvent nulle part ailleurs. De nombreux étrangers s’intéressent au finnois grâce au heavy metal, pour les mêmes raisons. La littérature, pour moi, est mot, poésie, rythme, musique, danse. Je ne peux pas séparer ces disciplines artistiques. »
Sébastien Cagnoli a réalisé sa première traduction de littérature finlandaise à partir de poèmes d’Uuno Kailas, en 2006.
« Je traduis volontiers de la poésie classique parce que je prends plaisir à la répétition de contraintes telles que le mètre, les vers et les rimes. Les poèmes d’Uuno Kailas furent un travail de traduction passionnant, mais aussi une bonne façon d’apprendre la langue. Il me semble que je « traduis » depuis que j’ai appris l’alphabet. Quelle que soit l’écriture – poésie ou prose –, le processus est toujours le même : avec des mots et des phrases en français, je modèle quelque chose d’immatériel qui provient de ma tête ou de celle d’un autre. C’est ce à quoi je veux me consacrer : donner une forme à ce qui n’en a pas encore, et la partager avec les autres. »
Sébastien Cagnoli affectionne également la littérature contemporaine qui pose des défis par sa langue même. Les voix créatives de Mikko Rimminen et de Katja Kettu, par exemple, ont été de grandes inspirations traductives. O de Miki Liukkonen et Neuromaani de Jaakko Yli-Juonikas, à la traduction duquel il travaille en ce moment, sont tout aussi enthousiasmants et exigeants.
Il a traduit, entre autres, des œuvres d’Ann-Christin Antell, Niillas Holmberg, Karo Hämäläinen, Daniel Katz, Sofi Oksanen, Petra Rautiainen, Antti Rönkä, Pirkko Saisio, Iida Turpeinen, Jussi Valtonen et Caj Westerberg. Il compte aussi à son répertoire des traductions de littérature d’enfance et de jeunesse, de théâtre, de livrets d’opéra et d’essais. Il a traduit en français Quand les colombes disparurent, roman de Sofi Oksanen, dont il réalisé une traduction en occitan avec Miquèl de Carabatta.
« Le prix d’État finlandais du traducteur étranger est une manière unique de mettre en avant des traducteurs qui font connaître la littérature finlandaise dans différents pays. Je suis particulièrement heureuse que Sébastien Cagnoli ait également traduit beaucoup de poésie finlandaise. La traduction poétique est une forme d’art à soi seule et je tiens en haute estime que la poésie finlandaise trouve des lecteurs plus nombreux de par le monde » a déclaré la ministre de la Science et de la Culture Mari-Leena Talvitie qui a remis le Prix.
Au départ, Sébastien Cagnoli a suivi des études d’ingénieur, mais l’amour des langues l’a emporté. Aussi écrivain et chercheur, il a vu ses livres et ses traductions récompensés par de nombreux prix en France. Sa traduction d’À la recherche du vivant, d’Iida Turpeinen, a été retenue dans la première sélection du prix du Meilleur livre étranger 2024.
La littérature finlandaise est actuellement l’objet d’une abondance réjouissante de traductions françaises. D’après les statistiques du FILI – Finnish Literature Exchange, le français a été l’an dernier la cinquième plus grande langue de destination après l’estonien, l’allemand, le danois et le polonais.
Le ministère de l’Éducation et de la culture décerne annuellement le Prix d’État finlandais du traducteur étranger sur la proposition du FILI – Finnish Literature Exchange. Ce prix décerné depuis 1975 est doté de 15.000 euros.
Informations complémentaires et demandes d’interview :
Hannele Jyrkkä, Responsable de communication du FILI – Finnish Literature Exchange, tél. +358 50 3222 387, [email protected]